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dimanche 9 novembre 2014

Nimrod, Léon-Gontran Damas, le poète jazzy.



     Léon-Gontran Damas est élevé par sa tante avec ses frères et sœurs. Sa mère est morte alors qu’il avait à peine un an et peu de temps après il perd également sa sœur jumelle. Il ne parle pas avant l’âge de six ans mais observe une vie pleine de couleur dans sa ville de Cayenne. La vie n’épargne pas ce tout petit garçon. Il s’intéresse beaucoup au jazz alors même que sa tante est pianiste. Léon-Gontran part à Fort-de-France pour intégrer le collège. Là, il rencontre Aimé Césaire, son ami pour la vie. Ils partent ensemble pour Paris et rencontrent le Sénégalais Léopold Sédar Senghor. Les trois hommes défendent la liberté, s’insurgent contre l’esclavage et la colonisation, ils développent le courant littéraire de la négritude. En 1935, ils fondent la revue l’Etudiant Noir pour lutter contre le racisme. Léon-Gontran Damas arrête ses études de droit : il veut devenir poète. Il rencontre Robert Desnos qui l’introduit dans des cercles communistes et antifascistes. Damas sera député à l’Assemblée Nationale, ambassadeur de l’UNESCO et professeur d’université aux Etats-Unis mais toujours il fera chanter les mots et les couleurs dans sa poésie.

     Ce petit ouvrage en priorité destiné aux enfants est en réalité intéressant à tout âge. Frais et coloré, les références sont nombreuses, de Duke Ellington à Robert Desnos en passant par Alfred Dreyfus. Des dessins illustrent les mots et entraînent une lecture plaisante. Par ailleurs le livre est parsemé de plusieurs extraits de poésies de Léon-Gontran Damas rendant concrète la volonté du poète. Enfin, le style de l’auteur, Nimrod, est très agréable à lire.

dimanche 2 novembre 2014

Bernard Lavallé, Eldorados d’Amérique : mythes, mirages et réalités.



LAVALLE, Bernard, Eldorados d’Amérique : mythes, mirages et réalités, Paris, Payot, 2011, 297 p.


     Bernard Lavallé, à travers son ouvrage Eldorados d’Amérique : mythes, mirages et réalités, revient sur l’histoire du célèbre mythe de l’Eldorado. Il met en avant le rôle de la mythologie sur les civilisations et particulièrement l’intérêt de l’or au sein de cette dernière. Il est en effet évident que ce métal précieux fait rêver l’homme depuis longtemps et l’a amené à l’aube de l’époque moderne à conquérir un continent entier. Dans cet ouvrage, il s’agit de comprendre l’évolution du mythe ainsi que son importance et la manière dont il a contribué au façonnage de l’installation des Européens en Amérique.

     Grâce à un plan chronologique, l’auteur reprend de manière claire et concise des pans entiers de l’histoire du Nouveau Monde en n’oubliant jamais les liens vers une Europe affaiblit par son manque d’or. En effet, la fin du moyen âge correspond également à l’essoufflement des gisements miniers et le précieux métal se fait de plus en plus rare sur le Vieux Continent. Avec l’installation des Ibériques de l’autre côté de l’Atlantique tous les espoirs reviennent. Il est d’ailleurs très intéressant de voir que le mythe de l’Eldorado ne parvient pas à décourager les hommes qui se lancent à sa poursuite alors même qu’ils assistent aux nombreux échecs de leurs contemporains. L’auteur montre parfaitement les conséquences de ce mythe sur l’Europe et particulièrement sur la péninsule Ibérique. Enfin, si l’or, l’argent ou encore les pierres précieuses arrivent en masse sur l’ancien continent, cet apport n’est pas constant et correspond à des cycles. En effet, les découvertes de gisements prennent parfois du temps et plus celui-ci passe plus les hommes sont entraînés à mettre en valeur l’intérieur des terres. En outre, il est bon de préciser que si les monarchies ibériques tentent de contrôler l’exploitation minière en Amérique, elle n’y parvient que difficilement et de manière incomplète. 

     Si la plus grande partie de l’ouvrage met l’accent sur la mise en valeur du Nouveau Monde à travers le mythe de l’Eldorado à l’époque moderne, l’auteur ne fait pas l’impasse sur la ruée vers l’or du XIXe siècle. Le contexte est alors bien différent, les sociétés ont beaucoup évoluées rendant cette ruée mondiale. Il est intéressant de constater que malgré les échecs successifs de leurs contemporains et prédécesseurs, les hommes ne se découragent pas et pensent toujours pouvoir trouver l’Eldorado alors même qu’ils ont conscience du mythe. 

     Cet ouvrage de Bernard Lavallé s’appuie sur le travail de Earl J. Hamilton qui a publié en 1934, American Treasure and Price Revolution in Spain (1501-1650), où il reconstitue avec minutie les arrivées d’argent américain en Espagne. Un travail qui a servi de base à quasi toutes les recherches dans ce domaine pendant une grande partie du XXe siècle. Bernard Lavallé met également en avant les recherches beaucoup plus récentes (années 1990) d’Herbert Klein avec Fiscalidad real y gastos de gobierno : el virreinato del Perù, 1680-1809 ou encore Las finanzas americanas del imperio español : 1680-1809. Cependant, l’auteur se place dans la continuité des travaux de Michel Morineau qui nuancent voire infirment ceux de Earl J. Hamilton. Spécialiste de l’histoire économique européenne du XVIIe siècle, Michel Morineau travaille sur de nouvelles sources : les gazettes de Hollande qui précisent l’arrivage et les cargaisons des navires en provenance du Nouveau Monde. En somme, Bernard Lavallé fournit à travers Eldorados d’Amérique : mythes, mirages et réalités, une synthèse très intéressante d’un mythe qui a façonné les continents américains, leur conquête et aménagements du territoire pendant plusieurs siècles.

samedi 25 octobre 2014

Laurent Greisalmer, La vraie vie du Capitaine Dreyfus.


Dreyfus fait couler beaucoup d’encre depuis maintenant 120 ans et si nous avons l’impression de bien connaître l’affaire, nous en oublions l’homme, rarement pris en compte. Laurent Greisalmer est clair dans son avant-propos : cet ouvrage est consacré à la vie d’Alfred Dreyfus, l’homme qu’il était et la perception qu’il avait de sa situation.
Le père d’Alfred, Raphaël Dreyfus, a permis l’ascension sociale de la famille grâce en s’intégrant dans le monde industriel alors en pleine expansion. Désormais citadins, ils sont installés à Mulhouse. Cependant, avec l’occupation allemande de 1870, une partie de la famille quitte l’Alsace pour le sud de la France où une sœur d’Alfred s’est établie. Ce dernier intègre Polytechnique puis l’armée. Il est très apprécié de ses supérieurs qui ne tarissent pas d’éloges sur son compte, seul son fort accent alsacien lui est gentiment reproché. Il gravit les échelons et passe de lieutenant à capitaine. Dans le même temps, jeune homme séducteur il apprécie la compagnie des femmes et épouse Lucie Hadamard en avril 1890. Deux enfants naissent de cette union. Alfred Dreyfus continu son ascension professionnelle en intégrant l’Ecole Supérieure de la guerre. Une vie sereine, pleine de promesse s’offre au jeune officier lorsque tout bascule. Soudain, il est accusé de trahison envers son pays, condamné, il est déporté en Guyane. Il n’a de cesse de vouloir prouver son innocence mais, enfermé, il ne saisira l’ampleur de l’affaire Dreyfus que lors de son retour en France. Toute sa vie, Alfred croit en la justice et a confiance en les institutions de son pays, il voue un culte à la République. Pourtant, il n’est plus considéré comme une personne mais comme une cause politique. Deux parties s’opposent et déchirent le pays alors soulevé par une vague antisémite. De grands noms défendent Dreyfus et à travers lui leur vision de la République : Zola, Jean Jaurès, Georges Clémenceau… Mais beaucoup ne voient pas la souffrance de l’homme qui se trouve au cœur de cette affaire, seul le côté politique compte.

Laurent Greisalmer remédie à cela avec son autobiographie La vraie vie du Capitaine Dreyfus. Cet ouvrage nous permet de découvrir un homme pris dans les passions de son temps, un personnage trop longtemps oublié. Ce travail bien documenté, est parsemé de nombreux extraits de la correspondance d’Alfred Dreyfus. Très agréable à lire, il manque cependant des notes renvoyant aux sources ou ouvrages utilisés. Par ailleurs, il aurait été agréable de voir en annexe une ou deux photos du capitaine Dreyfus, notamment de sa jeunesse puisque l’une d’elle est d’ailleurs évoquée dans le texte. C’est un livre qui se lit d’une traite même si les tenants et aboutissants de l’affaire Dreyfus sont connus, ce qui montre l’habilité de l’écrivain.


"Après plus de quatre années d'épreuves physiques et morales, il mesure le poids des passions humaines qui se sont affrontées à travers son cas."

"[...] il se drape dans le silence, coincé entre la rumeur de l'océan et ses tempêtes intérieures permanentes."

vendredi 24 octobre 2014

Romain Gary, Les oiseaux vont mourir au Pérou.



     Un recueil de nouvelles qui dévoilent les différents aspects de l'âme humaine. Il s'agit d'une plongée au coeur de l'humain, avec en gros plan les défauts et qualités de chacun. Ce recueil entraîne un questionnement du lecteur sur lui-même par la véracité des sentiments exprimés dans des situations forts réalistes. La noirceur de l'homme transparaît plus que sa bonté, pourtant, une note optimiste sur la nature humaine peut être saisie de temps à autre.
     Le style de Romain Gary est égal à lui-même, empreint d'ironie et de cynisme mais surtout de réalisme.


Romain Gary, Les clowns lyriques.



     Une oeuvre où ironie et cynisme riment avec lyrisme. Une histoire d'amour, un mythe hollywoodien, la guerre, la paix, tout cela soumis au cynisme de Romain Gary. On retrouve ici le style piquant mais juste de l'auteur avec cette volonté prégnante de dévoiler toujours plus les sentiments qui font l'être humain. Le sucre de l'histoire d'amour de l'héroïne balance avec l'acidité du monde qui l'entoure. Si ce roman de Gary n'est pas mon préféré il reste toutefois agréable à lire, mais il est vrai qu'avec un tel auteur le risque de se tromper semble faible.

Markus Zusak, La voleuse de livre.



     Ce livre est original dès la première page, de par les titres des chapitres, les "détails" (informations complémentaires mises en abyme) ou encore la narratrice qui n'est autre que la mort. Cette dernière possède un humour très appréciable et fait preuve d'une empathie inattendue. 
     Pourtant, je me suis ennuyée. J'ai envie de dire : "voici un énième roman ayant pour fond la Seconde Guerre mondiale". Parvenue à la moitié du livre, je l'ai définitivement refermé. Toutefois, je conseillerai sa lecture et particulièrement à un public adolescent.

Romain Gary, La promesse de l'aube.



     Découverte. Ce terme qualifie très bien ma rencontre avec La promesse de l'aube. Découverte d'un auteur, découverte d'une vie, découverte d'un monde littéraire.
     A ma grande honte, je ne connaissais pas cet auteur et j'ai donc rencontré Romain Gary, Roman Kecew, Emile Ajar, François Mermont et Lucien Brûlard. J'en suis enchantée et m'empresse de réparer mon ignorance. 
     La promesse de l'aube est une histoire forte, qui offre plus d'émotions personnelles de l'auteur que de faits. Il raconte son histoire mais ne dévoile que des sentiments, des sensations. Cette lecture peut d'ailleurs être frustrante car j'ai désormais plus de questions que de réponses. Cet écrit autobiographique est avant tout une ode à l'amour. Il s'agit de l'hommage d'un fils pour sa mère. C'est également un hymne à la mémoire des frères tombés au combat. Enfin, c'est aussi le moyen de tenir cette promesse de l'aube. 
     Ma rencontre avec Romain Gary est de celle qui ne s'oublie pas. J'ai encore beaucoup à découvrir et mes prochaines lectures sont déjà ciblées.