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dimanche 2 novembre 2014

Bernard Lavallé, Eldorados d’Amérique : mythes, mirages et réalités.



LAVALLE, Bernard, Eldorados d’Amérique : mythes, mirages et réalités, Paris, Payot, 2011, 297 p.


     Bernard Lavallé, à travers son ouvrage Eldorados d’Amérique : mythes, mirages et réalités, revient sur l’histoire du célèbre mythe de l’Eldorado. Il met en avant le rôle de la mythologie sur les civilisations et particulièrement l’intérêt de l’or au sein de cette dernière. Il est en effet évident que ce métal précieux fait rêver l’homme depuis longtemps et l’a amené à l’aube de l’époque moderne à conquérir un continent entier. Dans cet ouvrage, il s’agit de comprendre l’évolution du mythe ainsi que son importance et la manière dont il a contribué au façonnage de l’installation des Européens en Amérique.

     Grâce à un plan chronologique, l’auteur reprend de manière claire et concise des pans entiers de l’histoire du Nouveau Monde en n’oubliant jamais les liens vers une Europe affaiblit par son manque d’or. En effet, la fin du moyen âge correspond également à l’essoufflement des gisements miniers et le précieux métal se fait de plus en plus rare sur le Vieux Continent. Avec l’installation des Ibériques de l’autre côté de l’Atlantique tous les espoirs reviennent. Il est d’ailleurs très intéressant de voir que le mythe de l’Eldorado ne parvient pas à décourager les hommes qui se lancent à sa poursuite alors même qu’ils assistent aux nombreux échecs de leurs contemporains. L’auteur montre parfaitement les conséquences de ce mythe sur l’Europe et particulièrement sur la péninsule Ibérique. Enfin, si l’or, l’argent ou encore les pierres précieuses arrivent en masse sur l’ancien continent, cet apport n’est pas constant et correspond à des cycles. En effet, les découvertes de gisements prennent parfois du temps et plus celui-ci passe plus les hommes sont entraînés à mettre en valeur l’intérieur des terres. En outre, il est bon de préciser que si les monarchies ibériques tentent de contrôler l’exploitation minière en Amérique, elle n’y parvient que difficilement et de manière incomplète. 

     Si la plus grande partie de l’ouvrage met l’accent sur la mise en valeur du Nouveau Monde à travers le mythe de l’Eldorado à l’époque moderne, l’auteur ne fait pas l’impasse sur la ruée vers l’or du XIXe siècle. Le contexte est alors bien différent, les sociétés ont beaucoup évoluées rendant cette ruée mondiale. Il est intéressant de constater que malgré les échecs successifs de leurs contemporains et prédécesseurs, les hommes ne se découragent pas et pensent toujours pouvoir trouver l’Eldorado alors même qu’ils ont conscience du mythe. 

     Cet ouvrage de Bernard Lavallé s’appuie sur le travail de Earl J. Hamilton qui a publié en 1934, American Treasure and Price Revolution in Spain (1501-1650), où il reconstitue avec minutie les arrivées d’argent américain en Espagne. Un travail qui a servi de base à quasi toutes les recherches dans ce domaine pendant une grande partie du XXe siècle. Bernard Lavallé met également en avant les recherches beaucoup plus récentes (années 1990) d’Herbert Klein avec Fiscalidad real y gastos de gobierno : el virreinato del Perù, 1680-1809 ou encore Las finanzas americanas del imperio español : 1680-1809. Cependant, l’auteur se place dans la continuité des travaux de Michel Morineau qui nuancent voire infirment ceux de Earl J. Hamilton. Spécialiste de l’histoire économique européenne du XVIIe siècle, Michel Morineau travaille sur de nouvelles sources : les gazettes de Hollande qui précisent l’arrivage et les cargaisons des navires en provenance du Nouveau Monde. En somme, Bernard Lavallé fournit à travers Eldorados d’Amérique : mythes, mirages et réalités, une synthèse très intéressante d’un mythe qui a façonné les continents américains, leur conquête et aménagements du territoire pendant plusieurs siècles.

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